Les retraites, voilà bien un sujet explosif qui, comme l'avait pressenti Michel Rocard dès 1990, pourrait faire sauter plusieurs gouvernements. Aussi est-il tentant pour les politiques de piloter à vue et d'attendre l'urgence pour changer de cap. Tant que le navire n'a pas heurté l'iceberg de 2006, le bal peut continuer !
Les données du problème sont bien connues. Tout change avec l'arrivée à l'âge de la retraite des générations du baby-boom 600 000 par an jusqu'en 2005 et plus de 800 000 à partir de 2006 alors que le remplacement ne sera pas assuré par les moins de 20 ans, comptant pour environ 750 000. A cela vient s'ajouter l'augmentation de l'espérance de vie à la naissance d'environ 7,5 ans pour les hommes, et d'un peu moins pour les femmes, d'ici à 2040. En quarante ans, le nombre de retraités par rapport au nombre d'actifs doublera. La France se rassure provisoirement en se disant que ses perspectives démographiques sont plus saines que partout ailleurs en Europe, à l'exception de l'Irlande. D'ores et déjà, l'Allemagne enregistre chaque année un déficit de berceaux par rapport aux cercueils, et a moins de naissances que l'Hexagone pour une population bien supérieure (80 millions contre 60 millions). L'Italie pourrait perdre le tiers de sa population d'ici à 2050, l'Espagne est dans une situation comparable et compte deux fois moins de jeunes de moins de 20 ans que le Maroc. Le déclin démographique de l'Europe avec 1,4 enfant par femme contraste avec la vitalité des