L'idée de contrat connaît aujourd'hui un succès retentissant si l'on en juge par la multitude de projets qui s'en réclament. Et cela, non seulement en économie, mais également dans les domaines les plus variés de la vie sociale : école, intégration, santé et bien d'autres encore. On parle de contrat de citoyenneté, de contrat individuel d'intégration ou de contrat de confiance (dans le domaine médical) pour ne citer que quelques items d'une liste fort longue. Très clairement, cette prolifération exprime un besoin pressant : trouver une réponse à la crise larvée que traversent nos institutions. Le cas de l'école est le plus frappant, où tel proviseur décide de faire signer à chacun de ses élèves un «contrat moral de citoyenneté» par lequel ceux-ci s'engagent à respecter un certain nombre de règles communes. Comme on le voit, il s'agit le plus souvent de propositions généreuses et utiles qui essaient de reconstruire du lien social tout en évitant les solutions autoritaires. Pourtant, l'analyse économique et sociale nous montre qu'une vision trop unilatéralement centrée sur les contrats atteint rapidement ses limites. Pour deux raisons.
D'une part, le contrat met en avant exclusivement l'intérêt des parties concernées au détriment des intérêts de la collectivité. Pensons aux problèmes que posent les nouvelles formes de fécondation assistée. Du point de vue des femmes concernées et des mères porteuses volontaires, l'intervention du législateur apparaît comme une atteinte à leurs