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Libération
TRIBUNE

Les illusions de l'arithmétique

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publié le 31 janvier 2003 à 22h03

Les remèdes avancés par Isaac Johsua pour creuser le sillon de la répartition préparent son tombeau. L'intention est généreuse, mais la potion est dangereuse car coupée des réalités économiques et sociales. Ce sont les illusions de l'arithmétique qui sont le vrai point commun entre le chômage et les retraites. Il est toujours tentant de prendre sa calculette pour montrer, chiffres à l'appui, qu'avec tout l'argent consacré à l'indemnisation du chômage, l'on pourrait avec des solutions papier salarier tous les chômeurs, ou encore les remettre au travail pour financer autant de retraités. Les travailleurs ne sont pas tous substituables et surtout les masses ne sont pas comparables : le nombre de retraités va augmenter de plus de 7 millions d'ici à 2030, le compte n'y est pas, il y a heureusement trois fois moins de chômeurs. La société ne fonctionne pas comme une chaudière que l'on pourrait régler de manière centralisée. Le taux de chômage varie du simple au triple suivant les pays européens, mais tous sont concernés par le vieillissement et ont engagé des réformes qui vont dans le sens d'une répartition plus équitable. Chez nous certains partent plus tôt, touchent plus et vivent plus longtemps, est-ce bien normal ?

Autre réalité, c'est l'activité qui crée l'emploi ; les pays où le taux de chômage est le plus faible (Etats-Unis, Portugal, Pays-Bas) sont aussi les pays où l'on travaille plus qu'ailleurs et où l'on ne met pas les seniors à la casse sociale avec les préretraites. A