Le texte publié par les huit chefs d'Etat européens (Espagne, Portugal, Italie, Grande-Bretagne, Hongrie, Pologne, Danemark et République tchèque) sous le titre L'Europe et l'Amérique doivent rester unies, constitue un événement important aussi bien dans les relations euro-américaines que par rapport à la construction de l'Europe actuelle. Il doit être interprété dans toutes ses dimensions. Quant à son contenu, il ne présente pas d'intérêt particulier. D'une banalité affligeante, il ânonne trivialement des évidences sur «les valeurs» qui «unissent» l'Europe à l'Amérique. Remarquons cependant que même sur ce plan, les huit chefs d'Etat reprennent à leur compte la vision américaine du monde, qui met l'accent sur «la liberté», en oubliant ce qui fait l'essence même du modèle culturel européen, à savoir l'égalité...
Le texte affirme que la «conjonction des armes de destruction massive et du terrorisme constitue une menace aux conséquences incommensurables». Qui pourrait le nier ? Mais rien, absolument rien, n'est venu jusqu'à maintenant étayer cette conjonction dans le cas de l'Irak. Les chefs d'Etat le sentent d'ailleurs bien, puisqu'ils se limitent à seulement énoncer ce problème. Reste que dans le contexte de leur déclaration, elle apparaît comme une accusation implicite qui vise à justifier l'invasion d'un pays souverain, par ailleurs soumis depuis plus de dix ans à l'un des embargos les plus génocidaires de l'histoire «civilisée».
La seule charge retenue contre l'Irak est qu'