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Libération
TRIBUNE

Israël : la peur a gagné les élections

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publié le 4 février 2003 à 22h07

(Traduit de l'hébreu par Jean-Luc Allouche)

Je ne suis pas sûr qu'il soit possible de comprendre toute la signification des dernières élections. Ce ne sont certes pas les premières que la droite emporte, mais c'est bien la première fois, depuis la naissance de l'Etat d'Israël, que la droite chasse le Parti travailliste et la gauche de la «trame mentale», qui a fait d'eux, pendant cinquante-cinq ans, la «colonne vertébrale» d'Israël, du moins à leurs propres yeux.

Nous entrons dans une nouvelle ère. Pendant des années, cela a progressé à bas bruit, de manière souterraine, a pris de la force et rencontré l'adhésion peu à peu des déçus de la voie empruntée par le Parti travailliste, les rétifs devant ses positions plus ou moins pragmatiques à l'égard des Arabes, et ceux qui se considéraient comme les victimes de ses positions sociales et économiques. Devant les urnes, ce processus a connu son point culminant : il traduit les changements démographiques de la société israélienne, le renforcement des rangs religieux et nationalistes. Mais, par-dessus tout, il exprime, avec un retard typiquement israélien de quelques années, la colère face à l'échec du processus de paix et ce qui est considéré par l'opinion comme la soumission du Parti travailliste devant la gauche «extrême» et les Palestiniens et, en fait, devant le terrorisme.

La droite a triomphé parce qu'elle a réussi à persuader la majorité de l'opinion qu'elle est l'incarnation réelle du centre. Ce n'est qu'une illusion : ce n'e