Au petit matin de samedi, on avait déjà constaté comme le matraquage va-t-en-guerriste ronflait du feu de Dieu dans les tabloïds anglo-saxons. De «l'axe des sournois» du New York Post aux appels à pogroms contre l'Islam des Sun ou News of the World londoniens (Libération des 1er et 2 février), tout est bon pour préparer l'assaut, dont les demandeurs d'asile sont ici et là les victimes désignées.
De ces délires, on aurait dans l'après-midi sur des ondes francophones l'écho atténué, assez tordu pour se demander s'il relevait du principe de précaution, de l'ignorance crasse ou d'un inconscient professionnellement formaté. C'était peu avant 16 heures, à la télé des infos qui tournent en boucle. Dans le ciel bleu texan, un trait lumineux bientôt éclaté restituait live le périgée tragique de la navette Columbia ; tout ça venait de tomber tout chaud la navette sur les écrans et l'info sur le pingouin préposé. Il est vrai que ce genre d'imprévu, dans la ouate neigeuse d'un coeur de week-end, ce n'est jamais cadeau pour le planton de permanence. Celui-là devait conserver dans la rétine le souvenir de cet autre plan infiniment fixe, sur le même fond de bleu céleste, de tours jumelles et embrasées. Peut-être même vit-il passer dans les hangars de la Nasa une silhouette imprécise lui rappelant vaguement celle d'un bagagiste rôdant dans les soutes à bagages de l'aéroport de Roissy, ou d'un fantôme à trois caleçons islamistes dans les ruines de l'usine AZF... Sans doute songeait-il à ces