Puissent nos concitoyens ne pas voir dans les derniers propos du président du Crif (1) le visage de la communauté juive de France. On mesurera combien cette supplique est pénible au membre du comité directeur président du Crif Rhône-Alpes que je suis. Elle s'impose cependant à moi au lendemain des propos tenus par Roger Cukierman lors du dîner du Crif et de sa prestation, samedi soir, à l'émission Tout le monde en parle de Thierry Ardisson, sur France 2.
Je ne peux, je ne veux voir la communauté juive dans la représentation qu'il en a donnée. Je ne peux, je ne veux courir le risque que l'on croie que ce visage est celui de la réalité. Les juifs de France ont suffisamment souffert des amalgames et de la caricature pour ne pas s'y livrer à leur tour. Alors, disons-le tout net. Il est faux, pis, il est dangereux, de stigmatiser sans nuance une «alliance brun-vert-rouge», comme si tous ces militants étaient à mettre dans le même sac.
Faux, même si des passerelles existent chez une poignée de Verts que l'antisionisme viscéral égare sur le chemin du négationnisme et de l'antisémitisme. Il me revient à l'esprit le cas d'un responsable des Verts qui s'était livré à des délires négationnistes que le sinistre Faurisson n'aurait pas reniés. Il avait cependant aussitôt été exclu du mouvement des Verts.
Dangereux, parce que cette assimilation banalise, pis, légitime, l'antisémitisme de l'extrême droite pseudo-nationale française. Cet antisémitisme-là, radical et définitif, n'a rien à voir a