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Libération

Raffarin voyou

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publié le 5 février 2003 à 22h07

Très en vogue depuis quelque temps, cette expression de «patrons voyous» décidément nous turlupine ­ surtout dans la bouche des Raffarin et des Fillon. Dès avant la sortie orale du ministre des Affaires sociales faisant état l'autre semaine de son «effarement» (mon Dieu ! ­ ndlr) devant les moeurs sociales des dirigeants de Metaleurop, qui l'ont «révulsé» (mon Dieu ! ­ ndlr), il y avait eu cette image muette mais ahurissante, bien propre à traduire l'effarement et la révulsion de tout le gouvernement. Cette image, on se la remémora lundi, en entendant le Premier ministre évoquer, devant le Conseil économique et social, des poursuites impitoyables à l'encontre des patrons «peu corrects», pour reprendre son euphémisme. Cette image représentait le trio Bachelot-Fillon-Raffarin «offusqué» par l'affaire Metaleurop et tenant conciliabule sur le perron de l'Elysée ­ chose extrêmement rare au sortir du Conseil des ministres, précisa une voix off, afin que fût bien perçue l'ampleur du drame, et qu'il était pris au sérieux. Las ! le bref coup d'oeil de Bachelot vers les photographes trahit illico la mise en scène d'une compassion mal crédible, lorsque surjouée aussi grossièrement que la colère de Raffarin shootant dans un paquet d'algues, sur une plage polluée par des «armateurs voyous» et encombrée de trop de caméras. Pour une raison ou pour une autre, les indignations du gouvernement semblant découvrir les patrons voyous nous effarent plus qu'elles nous offusquent ­ quand elles ne n