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Libération

Palestine, Texas

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publié le 6 février 2003 à 22h08

En constatant mardi les ravages causés dans l'imaginaire occidental en général (et journalistique en particulier) par la triple conjonction du conflit israélo-palestinien, de la perspective d'une «guerre à l'Irak» (comment s'appellera-t-elle, au fait, celle-là ?), et du naufrage de Columbia, on n'avait fait que la moitié du chemin. Les allumés d'en face, mobilisant Allah dans leur camp comme Bush God dans le sien, font eux aussi bûcher de tout bois. L'existence, sur le territoire texan, d'une ville baptisée ­ si j'ose dire ­ Palestine et qui vit pleuvoir sur son sol, à l'instar de cent autres bourgs, des débris de navette, a sans surprise fourni prétexte à torquemadesques incantations. Abou Hamza al-Masri, provocateur barbu de «l'islam radical», que les autorités britanniques ont récemment interdit de prêche en sa mosquée salafiste de Finsbury Park, à Londres, n'a pas laissé passer l'occasion. Dans le grand melting pot que constituent les Etats-Unis d'Amérique, et pour le seul Etat du Texas, on recense des cités qui ont nom Odessa, Alexandrie, Paris, Edinburg, Athens ou Port Arthur ­ entre autres. Une seule miette de Columbia sur n'importe quelle d'entre elles donnerait à toutes les Elizabeth Teissier du Vieux Monde matière à volumineuses exégèses, tant, d'ordalie à horoscope, l'écart sémantique est ténu ; derrière la morale universelle que revendiquent les trois grands monothéismes, leur fonction commune est de nourrir toutes les superstitions. Rien de nouveau depuis Voltai