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Libération
TRIBUNE

Prisme désinformateur

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par Christophe COURTIN
publié le 6 février 2003 à 22h08

A interpréter rapidement et à lire en diagonale les informations grand public sur les événements récents de Côte-d'Ivoire, ce seraient des côtiers xénophobes qui se battraient contre des sahéliens tolérants, des sudistes cultivateurs contre des nordistes éleveurs ou des musulmans contre des chrétiens. Il n'aura fallu qu'un mois après le déclenchement de la rébellion pour que le spectre du génocide rwandais s'étale à la première page d'un grand quotidien. Décidément on n'échappe pas à cette vision de l'Afrique contemporaine qui ne peut être comprise qu'au travers du prisme de l'ethnie ou de la religion. Comment en est-on arrivé là ?

L'histoire de l'Europe, plus particulièrement celle de la France et l'histoire de l'Afrique sont liées. Ce n'est pas la peine de faire un dessin, pensons à la traite négrière, à la colonisation et aux pratiques issues de la décolonisation pendant la guerre froide. Nos représentations collectives du réel sont largement le fruit de notre histoire. De cette histoire commune entre nos deux continents, nous pouvons schématiquement repérer deux types de discours dominants sur l'Afrique et les Africains. Pour les uns le continent africain reste en friche, il faut le mettre en valeur et l'éduquer, pour ne pas dire l'exploiter et le civiliser. Pour les autres, nous sommes en bonne partie responsables des maux actuels de l'Afrique.

Sur ces tendances lourdes qui structurent toujours nos analyses s'ajoutent deux spécificités françaises : son histoire des scienc