Tentatives d'intimidation, campagne de dénigrement, menaces de procès, les journalistes et par ricochet leurs éditeurs savent ce qu'il en coûte de s'intéresser, sans y avoir été invité, aux péripéties des grands patrons français. Le milliardaire chiraquien François Pinault, l'ancien maître de Vivendi Universal Jean-Marie Messier ont, en leur temps, exploité les mille et une façons de décrédibiliser les biographies non autorisées.
C'est au tour d'Airy Routier, journaliste au Nouvel Observateur d'éprouver, qu'en dépit des protestations de transparence des milieux patronaux, l'exercice n'a pas gagné en facilité. L'Ange exterminateur ou la vraie vie de Bernard Arnault a valu à son auteur bien des désagréments. A commencer par le pire : la rumeur propagée dans le Tout-Paris de la partialité d'une enquête «commandée et payée» par le plus farouche ennemi du patron de LVMH et relation assumée de l'auteur... François Pinault.
«Dans l'univers mental de Bernard Arnault, toute investigation sur lui-même ne peut qu'avoir été suscitée par son adversaire», se défend Airy Routier. «Pour empêcher l'élaboration puis la sortie de ce livre», le numéro un du luxe français «a activé ses réseaux et utilisé tous les moyens à sa disposition. Ce qui n'est pas rien venant d'un patron classé en l'an 2000, par le magazine Challenge, comme l'homme le plus riche de France.» Pour limiter le risque judiciaire, les avocats auront chassé du manuscrit insinuations, digressions glamour ou références à la vie