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Libération
TRIBUNE

Faut-il aider la Turquie?

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publié le 14 février 2003 à 22h15

Reconnaissons à Saddam Hussein au moins une qualité : sa diabolique habileté tactique à diviser ses adversaires qui reste l'une des clés de l'exceptionnelle longévité de son régime.

Voici donc le Conseil de sécurité de l'ONU, qui affichait il y a encore à peine deux mois une belle unanimité, écartelé aujourd'hui entre des alliés de longue date qui s'entre-déchirent tandis que l'Europe assiste impuissante à l'éclatement de sa fragile unité et se trouve réduite à ce qu'elle prétendait ne plus être : une simple zone de libre-échange.

Le tyran de Bagdad doit boire du petit-lait à voir le spectacle des joutes épiques entre le vieux couple franco-allemand, dans le rôle de chevaliers de la Vertu, défenseurs intransigeants du Droit, et l'empire américain dans celui de cow-boys justiciers invoquant la morale pour secourir la population martyrisée de Mésopotamie et désarmer les hors-la-loi. La plus grande satisfaction pour son ego démesuré sera probablement d'avoir réussi ce que, hormis la contestation solitaire du général de Gaulle, personne avant lui n'était parvenu à faire : diviser la toute-puissante Otan et provoquer une crise existentielle au sein de cette alliance vieille d'un demi-siècle qui fut tant redoutée aux beaux jours de la guerre froide.

La France et ses alliés du «front du refus» ont eu raison d'opposer leur veto à la demande d'aide de la Turquie inspirée par Washington. Celle-ci n'est pas menacée par l'Irak, qui a d'autres chats à fouetter et qui a été depuis trente ans