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Libération

Un mode de scrutin Second Empire

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publié le 15 février 2003 à 22h16

Sous le Second Empire, Persigny, à peine nommé au ministère de l'Intérieur en lieu et place de l'implacable Morny, instaura d'emblée la pratique dite de la «candidature officielle». Il revint aux préfets de repérer et de faire gagner les bons candidats. Le zélé ministre de Louis-Napoléon leur écrivit sans ambages : «Il faut que le peuple soit mis en mesure de discerner quels sont les amis et quels sont les ennemis du gouvernement qu'il vient de fonder.»

Les préfets, instruments incontournables de ce travail, s'y employèrent avec une ardeur remarquable. Pour preuve, cette circulaire du préfet de la Haute-Loire : «Nous autres administrateurs, désintéressés dans la question, et qui ne représentons en définitive que la collection de vos intérêts, nous apprécions, nous jugeons les candidatures et, après examen, nous vous présentons celle qui nous paraît la meilleure». Ou encore celle-ci de son homologue de l'Aube : «Pour nous, fonctionnaires publics, à quelque degré de la hiérarchie que nous soyons placés, nous n'oublierons pas que l'autorité et la légitime influence que donnent les fonctions que nous tenons de la confiance du gouvernement doivent tout entières être consacrées à faire prévaloir ses décisions et à faire respecter ses lois.»

Le système fonctionna si bien que la première Chambre de 1852 n'eut pas d'opposants. En 1857, il fut décidé de présenter comme candidats officiels tous les sortants, à l'exception de Montalembert dont l'esprit libéral s'accommodait mal avec l'aut