Jacques Chirac devait-il admonester les pays d'Europe centrale et orientale candidats à l'adhésion à l'Union européenne pour leur soutien aux Etats-Unis sur l'Irak ? Devait-il, fût-ce de façon voilée, menacer ces pays d'un refus des peuples d'Europe de l'Ouest de ratifier le traité d'adhésion et signifier à la Roumanie et à la Bulgarie, qui aspirent à entrer dans l'Union européenne au terme d'une prochaine négociation, que le soutien, jusqu'ici très ferme de la France, pourrait leur être retiré ?
Bien sûr, il faut réagir devant le risque de la désintégration de la cohésion européenne. Il est vrai que la décision de la Pologne, au lendemain de l'accord d'adhésion, d'acheter l'avion de combat américain, le ralliement de certains des nouveaux adhérents à la position américaine sur l'Irak montrent à quel point, sur la question de la sécurité, ces pays donnent la priorité à la protection américaine plutôt qu'à l'Union européenne. Les nouveaux adhérents donnent l'impression que, pour eux, l'Union européenne n'est qu'une zone de libre-échange, assortie de quelques subventions et adossée à l'Otan pour la politique étrangère et la sécurité. Cette conception est aussi celle des Britanniques et des gouvernements de droite espagnol et italien, épargnés pourtant par Jacques Chirac.
Le vrai danger du soutien à Washington exprimé par d'anciens et de futurs membres de l'UE, n'est pas l'élargissement. Le vrai danger, c'est de voir triompher une conception de l'UE qui priverait celle-ci de l'am