La déclaration acerbe du chef de l'Etat sur les pays est-européens accusés d'avoir perdu l'occasion de se taire dans l'affaire irakienne est une indiscutable erreur politique. En période de tension, la spontanéité n'est jamais recommandée sauf si elle est délibérément calculée. La France n'avait pas besoin de manifester son courroux alors que depuis plusieurs mois sa position est ascendante sur la scène mondiale. Cette affirmation française était d'autant plus grande qu'elle s'est faite de manière subtile. Nous n'avons sorti ni nos oriflammes, ni abusé de l'exception française. La francophobie anglo-américaine nous a spontanément incités à la consommation très modérée de certaines de nos traditions, à faire front à une Amérique implacable sans agressivité. Même si elle est susceptible de plusieurs interprétations, la déclaration des Quinze contient deux points essentiels : elle laisse du temps aux inspecteurs et reconnaît au Conseil de sécurité le pouvoir du dernier mot.
Cela étant, une question taraude l'opinion : pourquoi les anciens pays communistes expriment-ils un tel alignement politique sur les Etats-Unis ? Parmi les explications les plus communément avancées figure la thèse de la reconnaissance. Ces pays sont reconnaissants à l'Amérique pour les avoir libérés et pour leur conférer, à travers l'Otan, une protection militaire face à la Russie toujours honnie. Cette explication politique est essentielle. Mais comme toutes les explications, elle ne peut pas tout expliquer