Sabotage ! Le titre du livre de Christophe Deloire et Christophe Dubois consacré à la longue traque du berger de Cargèse, n'y va pas par quatre chemins. L'Enquête sabotée, qui arbore en couverture le célèbre avis de recherche d'Yvan Colonna, est sortie pour le cinquième anniversaire de l'assassinat du préfet Claude Erignac. Avec l'objectif, si l'on en croit le bandeau, de répondre à cette question : «Pourquoi ne le retrouve-t-on pas ?» La réponse n'est pas dans le livre. En revanche, sur «l'incroyable bourde, au pis l'énorme scandale», qui a consisté à ne lancer l'interpellation de Colonna que 48 heures après celles des autres membres du commando et après que la presse a divulgué leurs noms, le livre de Deloire et Dubois fourmille de détails, de questions et d'hypothèses, qui, mis bout à bout et en perspective, révèlent quand même un sacré malaise.

Les auteurs décortiquent deux hypothèses. D'abord, la personnalité de l'enquêteur le plus médiatique de cette affaire : Roger Marion, ancien patron de la Dnat. «Entre les responsables de la Grande Maison, les combats de coqs sont souvent saignants. Le cadavre du préfet Erignac en sait quelque chose. Sur son dos, les luttes les plus féroces sont livrées.» L'autre explication, suggérée mais nullement prouvée, tient à la personnalité du père d'Yvan, Jean-Hugues Colonna, ancien député socialiste. Son exceptionnel entregent expliquerait qu'au cours de sa longue carrière de nationaliste clandestin, Yvan soit toujours passé à travers les