Depuis que c'est par millions qu'il leur faut dénombrer les opposants à la guerre de George W. Bush contre Saddam Hussein, on n'entend plus trop les Finkielkraut nous traiter de «munichois» et d'«antiaméricains». Ces termes-là ont été remplacés par celui de «pacifistes» qui signifie certes «capitulards» et «collabos», avec tout le mépris induit mais un ton en dessous. Si ceux qui les énoncent ont moins que jamais renoncé à leur guerre programmée, ils n'affichent plus, quand on leur demande si c'est pour le pétrole, cette arrogance de purs esprits qui ne sauraient s'investir en de si mercantiles motivations. Pourtant, ils ne sont plus si sûrs de leur «messianique» bon droit, et, par instants, semblent même découvrir que leurs prétextes et leurs alliés décrédibilisent leur croisade. Pour s'émanciper des lois onusiennes, W. Bush, à défaut de rendre lisibles ses buts de guerre, clame que qui ne sera pas avec l'Amérique y sera contre elle. Comme si l'Amérique, c'était W. Bush, gronde l'opinion... Depuis que certain livre découvre par pans cruels et «bonnes feuilles» interposées la Face cachée du Monde, on n'entend plus non plus Alain Minc traiter les antiguerre de «néopoujadistes», dans les colonnes du quotidien dont, président de son conseil de surveillance, il est censé incarner la moralité (sous la haute autorité de MM. Jean-Marie Colombani et Edwy Plenel). C'est que Minc aujourd'hui a d'autres soucis que la marche du monde ; celle du Monde l'occupe à plein temps, et lui non
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