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Libération

Ici André Breton, à vous Aillagon

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publié le 4 mars 2003 à 21h47

Au ministère de la Culture et de la Communication, le ministre Jean-Jacques Aillagon tourne dans son bureau.

Jean-Jacques Aillagon, résolu

Je dois être plus chaleureux, moins administratif, comment dire, plus amical. Par exemple, pour mon discours de Rennes, je tendrai le bras en avant et je dirai d'une voix forte : «Entrez, Bretons !»

(A ces mots, le spectre d'André Breton apparaît, un masque esquimau à la main.)

Le spectre d'André Breton, virulent

André Breton ? Me voici ! Et il était, Aillagon, quand je contemple votre cynisme naïf, grand temps que vous m'appelassiez.

Jean-Jacques Aillagon, surpris

Mais, mon cher Maître, je n'ai pas...

Le spectre d'André Breton, véhément

Encore que nous nous répugnions à porter témoignage, comme tant croient pouvoir le faire, au procès que le monde réel intente à cette part de rêve qui embrase tous nos crépuscules, il ne nous a pas semblé outrecuidant de vous demander raison d'un comportement délibérément démissionnaire. Vous laissez vider mon atelier de la rue Fontaine comme on saisit un fonds d'épicerie, démonter mes murs et vendre à la fois mes collections et mes papiers dans la dispersion d'enchères insultantes et grossières.

Jean-Jacques Aillagon, peu assuré

Par l'acte de dation conclu le 13 février, l'Etat conservera soigneusement quelques pièces.

Le spectre d'André Breton, fâché

Vous poursuivez avec une haine secrète les traces gênantes d'un siècle rebelle, tragique et libre qui fut le mien, comme si vous fantasmiez qu'on pût le réduire par un