Menu
Libération
Critique

Mitterrand, la maladie au pouvoir

Article réservé aux abonnés
Livre. Une lecture psychopolitique des deux septennats de l'ex-Président.
publié le 7 mars 2003 à 21h52
(mis à jour le 7 mars 2003 à 21h52)

François Mitterrand arrivait toujours en retard. Ses nombreux biographes l'ont abondamment raconté. Il était capable de faire trois fois le tour d'un pâté de maisons pour ne pas arriver, comme le vulgum pecus, «pile à l'heure». Pour le sociologue Paul Yonnet, ce trouble obsessionnel «n'est jamais analysé». Il le fait donc : Mitterrand n'arrivait pas en retard, il organisait son retard. «Dans les sociétés à montres, explique-t-il, tout le problème est d'arriver en retard et soumettre, ou d'arriver à l'heure ou en avance, et d'être soumis. La hiérarchie du pouvoir s'organise autour de l'acceptation ou non du retard.» Inutile de préciser que François Mitterrand n'avait pas une seconde l'idée, l'envie, ou la patience, de rejoindre, même provisoirement, le camp des ponctuels serviles. Etre en retard, c'était toujours garder de l'avance sur l'autre. Le livre de Paul Yonnet a l'air, lui aussi, d'arriver après la bataille. Quelle idée bizarre, en effet, lorsque tout a été dit, redit et écrit sur l'ancien président. Disons que, comme François Mitterrand, Yonnet organise habilement son retard, relatif puisque le livre est une version développée d'un article écrit pour la revue le Débat au moment de sa mort. Il esquisse assez modestement un portrait «psychopolitique», sans gran des théories, ni immenses trouvailles, juste des retrouvailles étranges avec l'esprit d'un temps. Il rappelle et décrit finement la relation de fascination qui unit Mitterrand et la génération du même nom jusque