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Libération
TRIBUNE

Une guerre à l'aventure

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publié le 7 mars 2003 à 21h52

Décidément, cette affaire est mal partie. La crise, on doit le rappeler, a été déclenchée au printemps 2002 par Washington, qui a considéré que, depuis le départ des inspecteurs fin 1998, l'Irak ne cessait de profiter de ses revenus pétroliers pour reconstituer son potentiel militaire et, par-dessus tout, une capacité en armes dites ADM (armes de destruction massive). Dès son arrivée au pouvoir, donc bien avant le 11 septembre, l'administration Bush considérait que Saddam Hussein constituait depuis dix ans un insupportable isolat d'hostilité à l'égard des Etats-Unis et de leurs alliés dans une zone essentielle pour l'intérêt national. Il convenait de s'en débarrasser au plus tôt.

Si le but se discute, la stratégie mise en oeuvre pour y parvenir souffre de multiples incohérences.

La manoeuvre a, en effet, débuté par une première absurdité logique. Si on trouve des ADM en Irak, on punira Saddam Hussein. Mais, si on n'en trouve pas, cela prouvera a contrario qu'elles sont dissimulées. Autant dire que Bagdad était, par avance, condamné.

Deuxième absurdité : c'est, soutient Washington, Saddam qui doit faire la preuve qu'il désarme en coopérant. Les inspecteurs ne sont pas là pour découvrir des infractions mais pour s'assurer de la bonne volonté irakienne. Or, où et comment trouver une telle situation dès lors qu'il n'existe que défiance et hostilité entre Bagdad et Washington ? Par définition, la coopération s'avère introuvable. Le gouvernement des Etats-Unis réclame ce qu'il sait n