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Libération

La question juive

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publié le 10 mars 2003 à 21h55

Bien sûr, ils ne me croiront pas, mais je vais le dire tout de même : de la défense que produisent les dirigeants du Monde contre Péan et Cohen, on attendait mieux que ces insinuations aux relents d'amalgames, qui laissent amer autant qu'abasourdi. Il y eut d'abord (le Monde daté du 26 février), au coeur d'un article évoquant des «attaques croisées des extrêmes», un encadré suggérant la proximité des auteurs de la Face cachée du «Monde» avec une publication que des citations identifiaient comme antisémite ; il y eut, récurrente, une phrase prêtée par défaut aux auteurs mais qui n'était pas d'eux, où il était singulièrement question de «goys» et de «femmes juives d'expérience» (cf. la Face cachée..., p. 64); il y eut Alain Minc évoquant (le 5 mars sur RTL) «un brûlot à la Gringoire» ; il y eut, dans l'éditorial de Jean-Marie Colombani du 7 mars, cette comparaison entre le Monde et Léon Blum, «un homme à fusiller dans le dos» (selon le mot de Maurras, en 1935 dans l'Action française) ; il y eut, le 6 mars (sur F2), Edwy Plenel invoquant dans le père d'Alain Minc, «un juif polonais de la MOI» (Main-d'oeuvre immigrée, organisation de résistants juifs à l'occupant nazi, ndlr) ; il y eut, partout entonnée, l'évocation d'un livre inspiré par une «haine» dont la nature, n'étant pas définie, en suggérait une autre, absolue, définitive et indicible. De cette recension, le dénominateur commun induit frappe Péan et Cohen d'un opprobre sans appel. Il restera à l'honneur de Daniel Schneid