C'est donc pour notre bien et celui des générations à venir que les psychanalystes de toutes chapelles occupent médias et librairies, se mêlent des controverses publiques, investissent les débats législatifs pour dire comment on doit élever les enfants ou s'accoupler : rien de ce qui a trait aux moeurs et à la famille ne leur échappe. Dans ce pays, le magistère des curés à fait place à celui des psys, et comme autrefois les agnostiques devaient supporter que l'Eglise régente leur existence, les non-patients sont aujourd'hui soumis à l'Expertise psy. Plus ils apparaissent marginaux au regard du modèle idéal couples stériles, homosexuels, mères seules, pères poules, victimes d'inceste, etc. , plus le diagnostic se fait inquisitorial.
Qu'une sociologue rompue à la production de ces savoirs savants se risque à interroger la nouvelle parole d'évangile relève d'une démarche salutaire. L'ouvrage de Dominique Mehl n'est pas une charge contre la psychanalyse, ni même contre son omniprésence dans la sphère publique ou son dévoiement médiatique. Elle ne conteste pas aux psys le droit de témoigner ni de s'engager comme citoyens particulièrement éclairés. Elle interroge. D'où ces nouveaux prédicateurs tirent-ils leur légitimité ? De leur expérience clinique, de cette fréquentation des souffrances humaines : «Je maintiens que vingt-cinq années de pratique psychanalytique montrent qu'il n'est pas de cas où la disparition d'un tiers dans la généalogie, pour peu qu'il ait été important dan