Menu
Libération

Ici Clemenceau, à vous Sarkozy

Article réservé aux abonnés
publié le 18 mars 2003 à 22h09

Au ministère de l'Intérieur, dans le bureau de Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy, agité

Une bavure encor, trois en une semaine,

Et là deux évasions, ma tâche est inhumaine...

Jean-Paul Proust, préfet de police de Paris

Pourtant la délinquance est en baisse à Paris...

Nicolas Sarkozy

De neuf et trois pour cent. A ces mots tu souris,

Satisfait de bien peu. Mais regarde ces casses

En plein jour, sous nos yeux, pendant que tu jacasses.

Je veux des résultats. Fais honneur à ton nom (1) !

Et tous ces sans-papiers à qui l'on répond «non»,

Si j'en accepte cent, ils sont mille en cohorte,

Poussés par l'abbé Pierre jusque devant ma porte.

Un conseiller

Multipliez, monsieur, c'est enfin le moment,

Les actes d'expulsion. Vous êtes trop clément.

Nicolas Sarkozy

Moi, clément ? sot !

(Tonnerre, éclairs, le spectre de Clemenceau apparaît.)

Le spectre de Clemenceau, rogue

Eh bien ? Qui dit mon patronyme ?

Tu prononces mon nom, petit pusillanime ?

Nicolas Sarkozy, tremblant

Par hasard, croyez-moi, cher monsieur Clemenceau..

Le spectre de Clemenceau

Nomme-moi Président, futile jouvenceau !

Et pourquoi ces soupirs et pourquoi ces complaintes ?

Quand j'ai pris le pouvoir (2) j'ai vu bien pires craintes

Car la gauche déjà s'occupant du social

En avait oublié ce problème crucial

Qu'est l'insécurité. Sais-tu que dans la Drôme

Des groupes de malfrats massacraient sous le chaume

Les fermiers isolés, les vieillards, les enfants,

Qu'à Lille et en Touraine ils étaient triomphants,

Que Paris fut longtemps la ville la moins sûre,

Partout le