Six semaines après le fameux «Game over» de George W. Bush, comme une injonction de vieux flipper, l'écho a répercuté lundi la «fermeture de la fenêtre diplomatique» ; et dès avant le feu, au bout du bout des contorsions et quoi qu'en clament de belliqueux thuriféraires, on sait que la facture des dits «dégâts collatéraux» sera salée. Pour l'ONU, pour l'Otan, pour l'Europe. Pour les peuples irakien, kurde et palestinien (entre autres) pris dans le même étau qui, c'est sûr, va les «libérer» , on en reparlera. Pour l'image de l'Amérique, c'est un désastre : tout au long de ces mois de propagande mal ficelée et soudain brutalement hargneuse, quelque chose s'est brisé qui ressemble à un désamour : on ne s'y reconnaît plus. Au regard de ce que pèsent les Etats-Unis comme modèle démocratique, la brisure est de nature quasi ontologique, stupéfiante autant que lors d'un tragique et fameux précédent proche-oriental : ainsi, après les massacres de Sabra et Chatila par des miliciens libanais, en 1982, notre perception de l'armée israélienne moralement délégitimée par sa passivité fut-elle durablement perturbée.
Quelle que sera sa durée, sinon sa «propreté» (sic), cette guerre d'Irak II est insensée, et d'abord parce que, grosse de trop d'incertitudes, elle sera menée sans fierté et la peur au ventre. Les GI's n'y feront pas figure de soldats de l'an II de l'universelle démocratie, mais les supplétifs d'un projet décidément illisible et conduit par un idiot au sens le plus shakespea