On pourrait l'appeler la loi de la double barbarie, cet axiome qui veut que le plus grand conflit externe étouffe jusqu'à l'éteindre le feu interne, et la guerre des peuples la lutte des classes. Tiens, rien que cette locution, «la lutte des classes», voyez comme elle semble soudain obsolète ! Sur fond de guerre, récession au pas de charge et explosion du chômage, les ex-salariés de Metaleurop en gèrent seuls les lambeaux activistes, exemplairement. Aux «Metaleurop», selon la terrifiante expression consacrée pour ainsi réduire des prolétaires à leur essence d'exploités, le capital aura tout fait. Ici, les «patrons-voyous», comme disait l'autre avec des trémolos, c'est Zola revisité par Coppola, et Germinal au royaume du Parrain. Après des décennies de pourriture du site et de pollution des vies, après l'incroyable polémique qui ravagea leurs rangs (préserver sa santé en portant plainte, ou son travail hypothétique en ne portant pas plainte ?) les liquidés de Noyelles-Godault n'ont plus que leurs yeux pour pleurer quand le sodium ne les a pas brûlés. Le sodium, qu'ils balançaient mardi dans le canal de la Deûle au risque de leur seule peau (Libération du 16 mars), en artificiel baroud... Oui, le sodium eût pu simuler une fin pathétique à leur destin dramatique... Le sodium, ou à ce stade, pourquoi pas ? les réserves d'acide pour un attentat tel celui perpétré par Souvarine dans Germinal, justement... Mais le Parrain ? Le parrain de Metaleurop, qui ressemble furieusement
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