Le fracas des combats qui se déroulent en Irak éclipse pour l'instant les bouleversements géostratégiques initiés dans le monde par la première mise en oeuvre sur le terrain de la nouvelle stratégie américaine fondée sur la guerre préventive et, si besoin est, unilatérale. Chacun garde en tête, bien sûr, la remise en cause de l'hégémonie américaine, donc de la relation transatlantique, par Jacques Chirac et à un moindre degré par un Gerhard Schröder très affaibli politiquement. Toute aussi importante, même si elle a été moins remarquée, est la posture adoptée à cette occasion par la Russie de Vladimir Poutine. D'où la question : en rejoignant après mûre réflexion l'axe Paris-Berlin, Moscou aurait-il fait en même temps qu'un choix européen une croix sur son «partenariat stratégique» avec les Etats-Unis ?
Manifestement, nous n'en sommes pas là, même si les échanges verbaux se sont durcis entre Moscou et Washington lorsque les Etats-Unis ont accusé la Russie d'avoir livré à l'Irak des missiles et des brouilleurs des systèmes de guidage des bombes américaines. Le démenti russe n'a guère convaincu les Américains et l'affaire a fait l'objet au début de la semaine d'une explication téléphonique entre George W. Bush et Vladimir Poutine, quelques heures avant que l'aviation américaine détruise les fameux brouilleurs. Et les frictions vont se poursuivre au Conseil de sécurité tant à propos de la reconstruction de l'Irak que de la reprise de la distribution de l'aide alimentaire aux pop