Il est «facile» pour la gauche de défiler contre Le Pen, il est moins aisé de reconnaître qu'elle a laissé trop souvent s'exprimer dans ses cortèges des slogans qui n'avaient plus rien à voir avec les droits légitimes des Palestiniens, mais qui n'étaient que de la fascination morbide pour les kamikazes. Qu'en encourageant la distinction entre antisionistes et antisémites, elle a fait de la casuistique, pas de la politique, ou alors de l'autruche. Elle n'a pas respecté son devoir d'intelligence. Elle a manqué de vigilance. En refusant qu'on la questionne à ce sujet, et surtout en refusant de se questionner elle-même, elle fait le jeu de l'antisémitisme. On a le droit d'être plus exigeant vis-à-vis de la gauche, car, comme le disait Gilles Deleuze, la différence entre la gauche et la droite, c'est que la gauche a toujours intérêt à faire le pari que le peuple pense. Dès lors, nous, la gauche, sommes tous des sionistes propalestiniens. Le sionisme est le droit à l'existence de l'Etat d'Israël, c'est tout. Que des Sharon en donnent une définition impérialiste et colonialiste, cela ne remet pas en cause la légitimité, et la nécessité, d'Israël. Oui, mais les Palestiniens ? Parce que nous soutenons le combat légitime des Palestiniens pour leurs droits, pour leur Etat, pour la libération des territoires occupés, parce que nous nous opposons sans ambiguïté à la politique assassine d'Ariel Sharon, nous ne devons pas accepter que ce combat soit déshonoré par des actes barbares qui ne
La gauche fait l'autruche
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publié le 29 mars 2003 à 22h25
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