C'est la guerre des images, nous dit-on. Tout aussi meurtrière, assurent les experts. Parmi les centaines de photographies qui parviennent chaque heure du conflit américano-irakien, le service photo de Libération a choisi, c'est le moins, une équidistance des points de vue, de chaque côté de la guerre, avec cependant au fil du temps, c'est, de nouveau, la moindre des choses, une inclination pour ceux qui reçoivent les bombes au détriment de ceux qui les larguent. Ainsi le lundi 24 mars, cette photo prise dans un hôpital de Bagdad lors d'une visite de propagande organisée pour la presse par la ministre irakien de «l'Information». Cette image était fort justement légendée : «Mitraillé.» Le terme, classique du jargon des photos-reporters, est en effet terriblement adéquat. Ce petit garçon irakien qui pleure, la tête emmaillotée d'un pansement comme un Apollinaire enfant, est en effet assiégé par une escouade de photographes et de cameramans qui guettaient sans doute l'occasion d'un poster édifiant : un enfant c'est attendrissant ; un enfant blessé, c'est intolérable ; un enfant blessé qui hurle, c'est peut-être la une d'un news magazine ou l'ouverture d'un journal télévisé. Mais voilà que par retour de flamme, le dispositif manigancé brûle tout le monde : le ministre de «l'Information» irakien, exhibeur de plaies, qui sûrement ne présumait pas qu'elles saignent autant, les faiseurs d'images y compris celui qui a joué le mitrailleur des mitraillant , qui n'ont pas de quoi êtr
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