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Libération

«Patience. On a gagné.»

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publié le 29 mars 2003 à 22h26

Ce n'est pas pour demain, un Disneyland à Bagdad. Les enfants affamés du Moyen-Orient vont encore devoir patienter. Les arguments humanistes contre la guerre auraient dû en faire souhaiter une courte, si elle avait lieu. D'un autre côté, les Américains auraient été tentés de vite s'y remettre s'ils avaient gagné en une minute, là ils ne recommenceront sans doute pas de sitôt. L'opération «Choc et effroi», ils pourraient la rebaptiser opération Boomerang. Ils devaient semer la panique avec leurs armes si merveilleuses mais, quand la dissuasion ne dissuade pas, il faut aller au charbon et ce sont les Américains qui risquent d'être dissuadés. Si tous les Irakiens ne se jettent pas au cou des gentils envahisseurs, c'est sûrement que les hommes de Saddam Hussein les en empêchent : ils sont comme les prostituées en France, tellement victimes qu'on sait mieux qu'eux ce qu'ils veulent. Après si longtemps de dictature, ils ont perdu le sens du Bien et du Mal, ils sont déconcertés, pas habitués à voir le Bien surgir de partout armé jusqu'aux dents. Comme celui de Stockholm rend les otages proches de leurs ravisseurs, le syndrome de Bagdad laisserait les opprimés solidaires de leur dictateur. Ces Irakiens qui n'ont pas été foutus de se révolter contre leur tyran, n'ont-ils pas ce qu'ils méritent ? Ça n'a définitivement pas l'air d'être leur truc, la démocratie. Il va falloir leur expliquer longuement. Il ne manquerait plus que des élections libres tournent en faveur de Saddam Hussein.

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