Dans le débat sur les modes de scrutin dont la loi est en cours d'examen par le Conseil constitutionnel, il nous semble qu'un point a été occulté. Il va pourtant dans le sens du choix général fait par le gouvernement Raffarin : tendre à bipolariser la vie politique pour consacrer la toute-puissance de l'UMP. Le Parti socialiste, qui aurait pu apparaître comme un bénéficiaire «collatéral» de cette modification, a heureusement choisi de s'y opposer.
Pour ce qui concerne les élections régionales, cette bipolarisation ne réside pas seulement dans le relèvement des seuils de maintien au second tour et de fusion des listes. Un effet induit par la constitution de sections départementales dans le scrutin régional aura des effets pervers dont on peut difficilement croire les responsables de la droite innocents. La réforme initialement votée par la gauche sous l'impulsion du gouvernement de Lionel Jospin prévoyait que la liste arrivée en tête dans l'ensemble de la région (au second tour) se voyait attribuer une prime de 25 % des sièges pour permettre une plus grande stabilité des exécutifs. Mais, avec la modification voulue par la seule UMP et qui a nécessité le fameux article 49-3 pour couper court à tout débat, «les sièges attribués à chaque liste sont répartis entre les sections départementales qui la composent au prorata des voix obtenues par la liste dans chaque département» avec application de la proportionnelle à la plus forte moyenne.
La complexité de cette réforme rend déjà ce