La gauche a de la chance que la guerre en Irak et que la rechute économique détournent l'attention des Français. L'invisibilité reste encore sa meilleure protection car, près d'un an après le séisme du 21 avril, elle se comporte comme si elle n'avait rien compris et rien appris de sa déroute. Il existe au bas mot une vingtaine de raisons dûment répertoriées à l'élimination de Lionel Jospin dès le premier tour de l'élection présidentielle. Parmi celles-ci figurent en bonne place la division au sein de la gauche, l'éparpillement des candidatures, la concentration des tirs sur le seul candidat de gauche susceptible de se qualifier pour le second tour, la surenchère démagogique, consciemment démagogique, des programmes et, par-dessus tout, une flambée de votes protestataires rejetant toute culture de gouvernement, condamnant tout pouvoir, pour ses faiblesses et pour ses impuissances, mais aussi, de façon plus perverse, parce qu'il est justement le pouvoir. Pour une fraction non négligeable des électeurs, la France d'en haut est ressentie comme fonctionnellement coupable et chaque ministre est évidemment installé d'office au fronton. Or, ce qui frappe un an plus tard, c'est que ces dérives, au lieu d'avoir fait l'objet d'une réflexion critique, d'un examen serré, paraissent s'être encore accentuées et enracinées. La division ? Elle prospère, elle se caricature même. L'extrême gauche trotskiste, euphorique après l'élection présidentielle, dépitée après l'élection législative, tent
Gauche: la tentation du 21 avril
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par Alain Duhamel
publié le 5 avril 2003 à 22h38
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