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Libération

L'après-guerre se fait prier

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publié le 5 avril 2003 à 22h38

La résistance irakienne, qui a aussi ses inconvénients, a quelque chose d'inespéré pour les Américains. Car une des raisons de l'opposition à cette guerre est le déséquilibre des forces, la certitude de la victoire promise aux Etats-Unis. Si l'Irak se révèle tellement puissant, les Américains seraient moins coupables de vouloir y mettre bon ordre. D'un autre côté, après ses expériences malheureuses en Iran et au Koweït, la volonté expansionniste de Saddam Hussein semble malgré tout moins évidente. De même que Claude Lévi-Strauss a pu malicieusement prétendre qu'une ville comme São Paulo avait passé de la barbarie à la décadence sans connaître la civilisation, il semble que les Américains ont cru qu'ils pouvaient sauter de l'avant-guerre à l'après-guerre en faisant l'économie de la guerre elle-même, opération fugitive qui aurait duré ce que durent les roses. Or voici que l'après-guerre se fait prier. Notons en outre que c'est pour le sort du peuple américain que George W. Bush a fait appel à son Dieu alors qu'on nous avait expliqué que c'était le salut du peuple irakien qui était en danger. On ne choisit certes pas ses libérateurs, mais des libérateurs égoïstes ont forcément une tâche plus délicate.

Les manifestations pacifistes sont elles aussi, en Europe, curieusement affaiblies par la durée de la guerre. Il faut dire que des incidents dans les défilés ont obligé à constater qu'il n'y a pas que les gens merveilleux qui sont contre ce conflit. Les infâmes partisans de Saddam