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Libération

Malaise américain

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publié le 5 avril 2003 à 22h39

Un ami historien me dit que nous vivons un moment «orwellien» dans l'histoire de notre pays. Depuis longtemps, nous vivons sous une alerte «orange» (niveau 4 sur 5, donc «haut danger») pour le terrorisme, mais il n'y a aucune explication officielle, aucune précision sur ce qui nous menace. Tout reste flou... Il y a deux semaines, l'administration Bush a déclenché une guerre en Irak dont les raisons ne sont pas claires. On nous dit menacés par des armes «de destruction massive» contrôlées par un tyran qui soutient Al-Qaeda. Jusqu'à présent, les «preuves» des liens entre Saddam Hussein et l'organisation terroriste convainquent très peu de gens. Mais, comme le dit l'écrivain Norman Mailer, le Président ne se fait pas de soucis là-dessus : il est philosophe. Saddam, c'est le Mal, Al-Qaeda, c'est le Mal, donc équivalence.

Le jour avant le commencement des hostilités, l'ancien président Bush (dont la bibliothèque présidentielle se trouve sur mon campus, à l'université Texas A & M) nous a dit que son fils est confiant et «qu'il n'a pas peur». Remarque assez bizarre : pourquoi aurait-il peur ? Il n'est pas dans la ligne de mire.

Les mots encourageants de l'ancien Président n'ont pas rassuré tout le monde sur le campus. Le lendemain, des étudiants et des professeurs ont manifesté contre la guerre devant le bâtiment administratif. Mais sur ce campus conservateur au coeur du Texas, il y a eu aussi une réponse «proguerre». Des affiches distribuées le surlendemain par «StudentsForWar. org»