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Libération
TRIBUNE

Sauver les Archives nationales

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L’installation d’un nouveau site risque d’aggraver encore la situation des chercheurs.
par Pierre Rosanvallon, Maurice AGULHON, Jean Delumeau, Emmanuel LE ROY LADURIE, Daniel ROCHE et Pierre TOUBERT
publié le 10 avril 2003 à 22h44

Depuis plusieurs mois, la communauté des chercheurs en histoire et en sciences sociales est déstabilisée par les conditions de travail qui lui sont faites aux Archives nationales. Une association, un colloque, une cité pour les Archives nationales, la société d’histoire moderne et contemporaine ont déjà tenté d’attirer l’attention de l’opinion sur un problème qui déborde largement les frontières des seuls professionnels, étudiants, professeurs et amateurs. C’est une question d’intérêt national. L’urgence s’accroît, car le ministre de la Culture doit annoncer dans quelques semaines le choix d’un site destiné à l’établissement d’un nouveau centre.

Pour tous ceux qui travaillent aux Archives, les actuelles conditions offertes sont, malgré les efforts du personnel, détestables : peu de place par suite du déménagement, limitation dans le nombre de documents communicables, contraintes dans les commandes, dysfonctionnements multiples dont ceux de l'ordinateur ou de la communication. Les travaux des étudiants de maîtrise, les recherches de nombreux doctorats, les dépouillements des chercheurs étrangers sont ralentis et parfois reportés. La France perd, sur ce dernier point, la place qu'elle occupait grâce à la richesse de ses fonds et à sa position centrale dans la recherche mondiale. De nombreux étudiants étrangers se détournent d'ores et déjà de Paris. L'incertitude qui pèse sur les conditions de réouverture et sur l'avenir accentue le désarroi. Une prise de conscience est nécessai