Le Vatican vient fort opportunément de sortir de l'oubli la fameuse encyclique Pacem in terris («Paix sur la terre») promulguée en 1963 par le pape Jean XXIII, à l'époque où précisément la coexistence pacifique entre John Kennedy et Nikita Khrouchtchev s'offrait, avec l'affaire de Cuba, un sérieux coup de chaud. Appliquée à l'Irak quarante ans après, la réactivation de Pacem in terris constitue un événement majeur, qui mérite mieux qu'un simple succès d'estime. Le communiqué «aussi lapidaire qu'abrupt» (Libération du 24 mars), publié par le Vatican à la veille du déclenchement des hostilités en Irak, est il est vrai d'un ton rarissime quand on connaît la traditionnelle circonspection diplomatique de la Curie romaine.

Le renvoi à l'encyclique de Jean XXIII va cependant plus loin. Il s'agit rien moins que de rappeler que la gestion des conflits entre Etats relève de la seule autorité des Nations unies et n'a d'autre référent que le droit international, lequel se construit patiemment crise après crise. C'est dire que le Dieu qu'invoquent les incontrôlables évangélistes, baptistes et autres pentecôtistes, tout comme le Dieu d'aussi incontrôlables islamistes, n'a rien à voir en l'affaire (...) En son universalisme militant, le catholicisme romain a réinventé, il y a quarante ans déjà, la laïcité. Du moins en matière de conflits internationaux (...)

Reste quand même à s'étonner de l'étourdissant silence des évêques de France. L'archevêque de Lyon s'est certes opportunément avisé qu'