Les savants calculs du préfet
Heureuse période que cette guerre irakienne. Elle a des effets inattendus et positifs en notre belle Gaule.
Tandis que les gens continuent aujourd'hui de descendre dans la rue contre le bellicisme américain en accord avec nos dirigeants, notre douce France réunifiée, notre pape et même nos amis chinois, la préfecture est enfin passée aux aveux.
Enfin, souvenez-vous, c'était un autre temps, avant que Bagdad brûle. Enième manifestation plan-plan contre le nouveau régime de retraite ? 150 000 personnes, «selon des organisateurs» formule consacrée. A peine 30 000 badauds, mégote la police. Vagues de protestation contre le récent plan de réforme de l'Education nationale : 100 000 manifestants, revendiquent les syndicats, tout juste 20 000 agitateurs, «selon la préfecture» autre formule consacrée. L'écart était manifeste, et notre esprit cartésien en souffrait.
Il existe aujourd'hui un effet collatéral, franchouillard mais non négligeable dans cette période incertaine : les yeux (deux par personne) ou les doigts (cinq par main si tout va bien) de nos agents comptables préfectoraux se sont éveillés. Désormais, si 90 000 personnes soutiennent la paix : «J'annonce 80 000 !», lance, hilare, le préfet. 10 000 étudiants devant l'ambassade américaine, notre brave homme ose même le nombre de 9 000. Devant tant de bonne foi, on lui fera grâce des quelques âmes égarées dans la bataille. La fracture arithmétique s'est enfin notablement réduite.
Autrefois, les chi