Menu
Libération

Ici La Fayette, à vous Chirac.

Article réservé aux abonnés
publié le 22 avril 2003 à 22h56

Dans le bureau du président de la République à l'Elysée.

Jacques Chirac, agité

Que va-t-il advenir ? Où me suis-je avancé ?

Voilà Saddam défait. Je n'avais pas pensé

Que son régime ainsi ne résisterait guère

Et qu'en vingt et un jours on le verrait à terre.

J'ai cru tenir l'Histoire et ce n'était que vent,

Les peuples rassemblés autour de ma personne

Comme le Général faisait auparavant

Et le destin qui sonne.

Car aux Nations unies la vague nous portait,

J'imaginais déjà l'Amérique enlisée

Dans l'univers entier sur mon nom l'on chantait

Bénissant l'Elysée.

Las, de mes prévisions il n'a rien survécu,

Le destin a tourné, bousculant ma chimère,

L'Amérique puissante a désormais vaincu.

Ma fortune est amère.

Je redoute que Bush ne veuille se venger,

Refuse notre vin, nos parfums, la rillette,

Ruinant nos magasins pour nous faire enrager,

Printemps ou Lafayette.

(Le spectre du général de La Fayette apparaît, ajustant sa perruque.)

Le spectre de La Fayette

Les propos que j'entends m'atteignent en plein coeur.

N'aviez-vous pas prévu que Bush serait vainqueur ?

Et si j'ai bien compris ­ mais que Dieu me tripote ­

C'est à cause de vous si l'on me boycotte ?

Jacques Chirac, contrarié

Tel n'est pas le propos et je vais expliquer

Dans quelles conditions j'ai voulu répliquer.

Opposant à la guerre en Mésopotamie,

Je voyais donc chez Bush comme une antinomie

Puisque par un conflit il recherchait la paix.

Mais là-dessus Rumsfeld, en un discours épais,

Traite Schröder et moi de vieux et d'imbéciles,

Réduits devant l'Histoire au