Pas de chance décidément. Après le démantèlement promis des IUFM où j'enseigne et je cherche depuis quatre ans, j'apprends dans mon quotidien Libé je suis né en 1960 qu'en 2020 ma retraite passera de 74 % à 58 % et que je devrai avoir cotisé 42 ans pour avoir droit à ce généreux pourcentage ! Quel sens devons-nous donner à notre vie future ? Nous n'avons pas de capital, pas de château, nous sommes des intellectuels. Je fais partie de la mauvaise génération, celle à qui le gouvernement anti-68 veut faire payer la fécondité de nos parents. Je n'ai pas été encore convoqué par un bureau de recrutement privé, comme mes collègues de philosophie «d'académies excédentaires», pour envisager de convertir leurs diplômes obtenus sur concours en poste de documentaliste, ou de professeurs bivalents. Nos équipes de recherches viennent de perdre 30 % de leur budget. De toute façon, dans nos IUFM, nous ne ferions que déformer les futurs enseignants : quand l'inspection générale, envoyée par M. Ferry, est venue à Nancy, elle n'aura reçu aucun enseignant chercheur, c'est vous dire que nous ne servons à rien ; juste de bouc émissaire pour légitimer une restriction budgétaire. Peut-être je serai aussi décentralisé, comme nos collègues psychologues, médecins, infirmières scolaires, et remis entre les mains des conseils régionaux ? Pourquoi ne pas nous licencier comme les aides-éducateurs, nous pourrions devenir des assistants de savoir des Epen (Ecole professionnelle de l'Education nationale)
En 2020, philosophe à 58%.
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publié le 29 avril 2003 à 23h03
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