Toute l'année, il y a de ces accidents du travail : tels la mort d'un flic, le suicide d'un prof ou le cancer d'un salarié de Métaleurop, la balle perdue ou vicieusement ajustée mais qui n'a que foutre des brassards de presse ; le char qui percute un passant avec une caméra sur l'épaule, et qui l'écrase ; l'obus explosant la façade d'un hôtel pas de pot, c'était plein de journalistes, là-dedans en font partie, mais le printemps venu, fleurissent affiches et placards mettant en scène des éminences posant au martyr tabassé, fusillé, égorgé on se croirait au gala de l'Union des artistes. Puis viennent les clips de choc et les photos d'anonymes, juste avant d'exotiques statistiques où l'on découvre que, de par le monde qui est vaste, toutes sortes de salauds en uniforme, en treillis ou en costume croisé, professent un goût modéré pour la publicité faite à leurs régimes, à leurs trafics, à leurs crapuleries. Puis, enfin vient le grand jour, enfin vient le 3 mai, qui est comme chacun devrait le savoir, la Journée internationale de la liberté de la presse. Car il importe, nom de Dieu !, que cela se sache : le journalisme est un métier essentiel, mais dangereux. Plus là-bas (dans les Afriques, les Amériques, les Asies) qu'ici, assurément, mais lorsqu'un collègue, quelque part, se fait matraquer, ne sont-ce pas tous les collègues qui ont besoin de sparadrap ? Certes... Reste qu'avec ou sans frontières, le reportage est un métier comme un autre, et qu'on peut trouver obscène sa
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