Luc Ferry vient d'écrire à tous ceux qui aiment l'école afin de désigner la cause de tous les maux : mai 1968. Trente-cinq ans après les événements, la sensibilité individualiste et antiautoritaire de 68 expliquerait les échecs et les difficultés de l'école, comme pour la droite de 68, la cause du mal était juin 1936, et en juin 1936, la Commune. Le diagnostic ainsi posé, la solution va de soi : il faut restaurer les valeurs de l'école, y refonder l'autorité des maîtres et des savoirs évaporés au fil des réformes successives, notamment celle qui avait placé «l'élève au centre du système».
L'élève au centre, pas l'enfant, cela voulait dire que la totalité des efforts des enseignants et des établissements devait conduire à développer les apprentissages et les compétences des élèves. Cette affirmation n'était pas un truisme car elle signifiait que les élèves avaient changé, d'abord parce que les enfants et les adolescents étaient de plus en plus reconnus comme des sujets apprenants, et surtout parce que la massification scolaire avait fait entrer au collège et au lycée des élèves bien différents de leurs aînés. Ceux-ci n'étaient pas seulement moins dociles, ils étaient aussi plus actifs, plus dispersés car soumis à bien d'autres stimulations qu'à celles de l'école, ils étaient aussi plus soucieux de l'utilité de leurs études dans un monde où le diplôme s'imposait comme la clé de l'emploi. A la fin des an- nées 80 s'est brisée la croyance selon laquelle l'instruction et les savoi