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Libération

Les papis

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publié le 7 mai 2003 à 22h55

Dans les deux cas, la même impression que quelque chose est en train de passer. Sinon la vie, la main, peut-être, tant chez M. Le Pen lundi chez Mazerolle que chez monsieur le pape en son week-end madrilène... En surveillant distraitement le premier, on se prit à songer au destin du second. Puis, se prenant au jeu, à comparer les fortunes des deux vieillards. De l'un comme de l'autre, les troupes (quelques milliers à Paris pour leurs dévotions annuelles à Jeanne d'Arc, un million à Madrid pour leur ordinaire exercice d'idolâtrie) semblent fidèles, mais toujours sur elles-mêmes refermées. Incantation pour incantation, secte pour secte. Sectataires de la préférence nationale ou sectataires de la chrétienté, on les vit ainsi traverser la guerre sans vraiment les entendre. La paix papale était si abstraitement idéale que la diplomatie camerlingue du Vatican est parvenue à faire moins de tintouin que celle de Villepin ; et les jeunes cathos n'ont jamais donné l'impression de s'y investir que dans leurs chantant et dansant jamborees, comme si leur refus de cette guerre n'était pas un but, mais un outil de leur propagande. Quant au pacifisme lepéniste, il est, lui, si pesant d'arrière-pensées si tordues relativement à Saddam, à l'Amérique et à l'islam, que jamais il n'est parvenu à soulever ses propres partisans. Ainsi, venus de Rome ou de Saint-Cloud, des mots pourtant antithétiques se sont croisés comme des cloches pour faire sonner le même vide. Pour la forme, sinon le style, pa