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Libération
TRIBUNE

L'Irak occupé par des rapaces

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par Maurice GODELIER et Jacques SAPIR
publié le 12 mai 2003 à 22h58

L'image symbolique de l'effondrement de la statue de Saddam Hussein révèle aujourd'hui ses ambiguïtés. La foule autour du char qui déracina la statue ne dépassait pas 500 personnes, y compris les journalistes et les gardes d'Ahmed Chalabi, l'opposant chéri par le Pentagone. Il faut la cynique impudence de Donald Rumsfeld, le secrétaire américain à la Défense, pour comparer cela à la chute du mur de Berlin.

La majorité de la population ira kienne, à juste titre, ne regrette nullement le dictateur. Son extrême méfiance face à l'occupation est néanmoins évidente. Les forces d'occupation sont confrontées à une multiplication d'incidents dramatiques, et l'armée américaine s'estime heureuse de ne pas rencontrer pire. L'illégalité dans laquelle se sont mis les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en déclenchant une guerre sans l'aval de l'ONU s'aggrave du vide et de la fluctuation des justifications. L'implication de l'Irak dans les attentats du 11 septembre n'a pas été démontrée, ses armes de destruction massive restent introuvables et la crédibilité du mécanisme des inspections pour régler des crises ultérieures a été mise à mal. La fin de la dictature n'a de sens que si elle aboutit à une amélioration réelle de la situation. Or les libérateurs pratiquent la politique du mépris, celui des vies et de la mémoire venant après celui du droit international, au risque de provoquer une catastrophe humanitaire majeure.

Mépris des vies en premier, car les responsabilités de l'occupant à l'égard