Le rétablissement et le maintien de la paix sont des tâches qui n'ont rien à voir avec la guerre. Les Etats-Unis sont en train d'en faire l'amère expérience en Irak. Un mois après l'effondrement du régime parasoviétique de Saddam Hussein et la libération-occupation du pays, ils n'ont toujours pas réussi à ramener un semblant d'ordre à Bagdad et peinent à mettre en place une autorité intérimaire. Pire, si l'on peut dire, ils ont dû rappeler à Washington plusieurs des administrateurs qu'ils présentaient il y a quelques semaines encore comme ceux qui allaient tout à la fois mettre en oeuvre la reconstruction du pays et préparer la restitution du pouvoir à des représentants légitimes du peuple irakien.
Trois raisons principales expliquent cette détérioration sur le terrain qui va à l'encontre des espoirs de George W. Bush, qui voudrait dorénavant se consacrer aux dossiers socio-économiques américains, dans la perspective de l'élection présidentielle de novembre 2004 :
Le retour de la sécurité intérieure a été complètement négligé par Washington qui n'a toujours pas tiré les leçons de son demi-échec en Afghanistan où, pour les mêmes raisons, 24 des 34 provinces du pays échappent au pouvoir central et sont interdites aux personnels chargés de la reconstruction. Seule différence : en Irak, c'est la capitale qui pose de ce point de vue le plus grave problème. L'insécurité y est totale, comme en témoignent déjà plusieurs responsables d'ONG dévalisées, que ce soit du fait des pillards