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Libération
Critique

Bébéar, le drôle de repenti

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publié le 20 mai 2003 à 23h03

Claude Bébéar est un des représentants les plus éminents du capitalisme à la française, un chantre du libéralisme le plus pur. Et le voilà qui, à 67 ans et alors que sa retraite approche, dénonce les «excès» du capitalisme et réclame l'intervention de l'Etat dans son dernier ouvrage. «Ne pas réviser, de temps à autre, les limites légales dans lesquels les agents économiques peuvent déployer leur activité, c'est se résigner à laisser une économie dégénérer en un système destructeur du progrès économique», écrit le fondateur d'Axa. L'âge lui aurait-il donné une nouvelle sagesse ?

La diatribe de Bébéar s'adresse avant tout aux acteurs du monde des affaires, jugés responsables des scandales comptables et de la chute de la Bourse. Il y a ceux qui font mal leur travail : analystes financiers qui jugent mal les entreprises et auditeurs qui ne contrôlent pas bien leurs comptes. Les irresponsables : journalistes et agences de notation, dont les jugements peuvent faire couler les entreprises. Les mauvais conseillers : banquiers d'affaires qui poussent à faire des acquisitions inutiles et avocats qui recommandent la plus grande prudence. Plus généralement, c'est la financiarisation extrême de l'économie et la complexification croissante des instruments financiers qui sont remis en cause. Sont accusés ceux qui profitent de ce système : gestionnaires de fonds de pension et hedge funds (fonds spéculatifs). A tous, Bébéar adresse ce message : si vous ne faites rien, vous allez «tuer le capi