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Libération
TRIBUNE

Canal+ condamné à la modestie.

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par Monique Dagnaud
publié le 23 mai 2003 à 23h07

Canal + renonce à ses développements, rationalise ses coûts, licencie et se recentre sur son métier de base : «la télévision payante en France». C'est ce qu'a annoncé son nouveau PDG, Bertrand Méheut, peu après son arrivée en février 2003. Les participations étrangères vont être cédées ; Telepiù, la télévision italienne, a déjà rejoint le giron de Murdoch à un prix avantageux. Dessinons plus loin l'avenir possible, sinon probable, de ce fleuron de l'audiovisuel français : une chaîne distribuant du sport et du cinéma, dépouillée de ses programmes identitaires, option d'un bouquet satellitaire unique, après le rapprochement assez inéluctable de TPS et CanalSatellite. Même les encenseurs de l'économie de marché acquis à la fatalité de la vie des entreprises ne peuvent, dans ce cas précis, qu'être atterrés par l'incroyable fiasco et sa cascade de conséquences. En raison du pacte qui soude la chaîne au cinéma français, l'épopée Canal + oblige à des réajustements de la politique française de l'exception culturelle, d'abord en diversifiant les sources de financement du 7e art ­ réflexion à l'ordre du jour au Centre national de la cinématographie depuis plus d'un an. Surtout, elle sonne le glas des ambitions de la France comme tête de pont d'un groupe audiovisuel d'envergure destiné à contrebalancer le poids des majors américaines dans l'approvisionnement des chaînes européennes, locomotive de la production cinématographique du Vieux Continent. Et, finalement, elle invite à la révis