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Libération

Tout comme trop prévu

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publié le 23 mai 2003 à 23h07

C'est l'intérêt du métier : quelque expérience que l'on ait de grève ou de guerre antérieures, les choses ne se passent jamais comme les logiques de l'histoire le voudraient, ni non plus ne se répètent, même sur le modèle fameux établi par Karl Marx («la première fois en tragédie, la seconde en farce») à propos du 18 Brumaire. Laissons la grève ­ on verra demain si un précédent, ou autre chose, l'inspire ­, et voyons la guerre. Modestement, voyons ce qu'il en est d'Irak II, qui a si bien satisfait les pronostics de sa phase préliminaire (quelques semaines d'opérations militaires à faible taux de pertes coalisées), et révélé un «après» diplomatique trop en phase avec les prévisions les plus rationnelles (les pires). Etat des lieux : toujours pas de légitimation, même a posteriori, à l'envahissement d'un pays en violation du droit international ­ pas de découverte d'armes de destruction massive, ni de liens formels avec certaine nébuleuse internationale en général et quaediste en particulier ; l'établissement d'un Etat de droit et d'un pouvoir démocratiquement élu renvoyé à des calendes : l'administration américaine elle-même ne parle plus de mois, mais d'année(s). Passé l'énoncé de quelques voeux pieux en forme de feuille de route, un «processus de paix» israélo-palestinien abandonné à son néant, tout comme le fut, il n'y a pas un an, l'Afghanistan détalibanisé. Et toujours pas de trace de l'ADN de Saddam Hussein ni de Ben Laden... A Bagdad, une dictature est tombée, et c'est