Le patronat et le gouvernement soutiennent qu'il n'y a pas d'autre choix que celui de la réforme Raffarin-Fillon. Pour dessiner l'autre choix possible, il faut simplement rappeler ce qu'ont reconnu tous les rapports officiels. «La croissance de la productivité permet de financer des pensions de retraite plus élevées qu'elles ne le sont aujourd'hui, et ce pendant plus longtemps», disait le rapport Charpin en 1999. «Si l'on voulait revenir à une durée d'assurance de 37,5 ans dans le secteur privé, les besoins de financement du système de retraite seraient alourdis de 0,3 point de PIB à l'horizon 2040», écrivait le Conseil d'orientation des retraites (COR) en 2002.
Pourquoi le gouvernement fait-il silence sur l'évolution probable de la richesse produite au cours des prochaines décennies ? Parce que, sous la pression du Medef, il entend pérenniser la détérioration de près de 10 points en vingt ans de la part de la masse salariale (salaires directs et cotisations sociales) au sein de la valeur ajoutée, la richesse créée dans l'économie (le PIB), ce qui représente 33 fois plus que le coût du retour à 37,5 ans de cotisations. Il fait le choix politique d'attribuer tous les futurs gains de productivité aux seuls détenteurs du capital. C'est l'unique raison pour laquelle l'évolution démographique ne pourrait être assurée convenablement par le système de retraites par répartition.
Derrière ce cynisme, l'incohérence des choix gouvernementaux est patente. Allonger la durée de cotisation n