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Libération
TRIBUNE

Le foulard à l'école, étouffoir de l'altérité.

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publié le 27 mai 2003 à 23h09

Dans un article récent (Libération du 20 mai), de nombreux intellectuels, universitaires ou enseignants, membres d'associations laïques ou féministes, se sont prononcés en faveur du port du foulard dit «islamique» à l'école. A l'appui de leur thèse, ils invoquent l'idée que son interdiction entraînerait la République sur la voie d'une «exclusion néocoloniale» des jeunes filles musulmanes issues de l'immigration. Face à l'éventualité de «lois d'exception», ils en viennent à accuser ceux qui ne partagent pas leurs convictions de favoriser une logique d'enfermement identitaire susceptible d'opposer la République à l'Islam et la France des Français à celle des étrangers. Selon cette perspective, les écolières voilées seraient en passe de devenir les «boucs émissaires» d'un Etat fondé sur une idéologie sécuritaire.

Comme je suis depuis longtemps favorable à l'interdiction du port du foulard à l'école ­ je dis bien à l'école et non pas à l'université ou dans l'espace public ­, je me suis demandé pourquoi les signataires de cet appel (Etienne Balibar notamment) utilisaient un vocabulaire aussi déraisonnable. Que je sache, la France d'aujourd'hui ne mène plus de guerre coloniale, elle n'est pas vichyste et elle n'est menacée d'aucune loi d'exception. En outre, la droite républicaine et libérale a suffisamment manifesté son refus radical des thèses lepénistes pour qu'on ne la soupçonne pas de vouloir insidieusement porter atteinte aux fondements de l'Etat de droit. Et même si Luc Ferr