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Libération
TRIBUNE

Réinventer le socialisme

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par Monique Canto-Sperber
publié le 28 mai 2003 à 23h11

Les élections du printemps 2002 ont montré qu'il n'y a plus aujourd'hui de base sociologique assurée pour le socialisme. Les ouvriers et employés modestes n'ont voté qu'à 13 % pour le candidat socialiste. Ayant perdu le lien à sa clientèle électorale naturelle, le socialisme est donc mis au défi, peut-être pour la première fois de son histoire comme parti politique, de convaincre par ses idées. A une époque où les loyautés politiques n'ont plus la même force qu'autrefois, ce ne sont pas les partis qui font gagner une élection générale. Le succès dépend plutôt de l'aptitude à avancer des idées propres à faire comprendre le monde d'aujourd'hui et à donner une prise sur ce qu'il est.

Les propositions politiques, réalistes et précises, n'ont qu'un faible pouvoir de conviction quand elles ne sont pas inspirées par des idées claires et puissantes. Le socialisme a incarné, à l'époque moderne, un idéal d'émancipation personnelle et sociale. Cette ambition est encore plausible, mais on ne sait plus quel sens concret lui donner. Les débats tenus au Congrès de Dijon, partagés entre un réformisme de gauche consensuel mais imprécis et l'invocation enflammée d'un socialisme d'opposition radicale, n'ont guère eu le souci de répondre à cette question. Mais cet enthousiasme renouvelé ne doit pas faire perdre de vue la situation. Le socialisme français est à la croisée des chemins. Il lui faut inventer des idées qui aident les individus à vivre leur autonomie dans un monde commun et servent à