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Libération

Dans l'ascenseur

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publié le 29 mai 2003 à 23h11

Rabâchée par les tuyaux de la propagande, la contre-vérité qui veut faire passer les salariés du public pour des «privilégiés» ­ et ceux du privé pour leurs «otages» ­ fait au principe même du droit de grève le fond sonore insidieux des musiques d'ascenseur. De doux-parleurs trop bien dissimulés dans les faux plafonds des discours de Jean-Pierre Raffarin (dormez, je le veux...) dégoulinent des litanies de mensonges que l'on entend sans écouter et que notre inconscient social autant que notre inconscience sociale épongent comme une fatalité : la privatisation déjà si avancée du service public d'éducation rend pourtant irréelles les protestations selon lesquelles son «idée» même serait «totalement étrangère» à ses promoteurs très déterminés, quand les autres privatisations, de tous les régimes de retraite et de la Sécurité sociale, avancent à feu doux, inéluctablement. Aussi inéluctablement que l'idée du «service minimum» dans les services publics, si désiré et enfin assez mûr, semble-t-il, pour qu'il soit désormais concevable d'en légiférer : c'est la prochaine étape, mais qui, pour se laisser deviner, n'ose encore tout à fait se dire. Dans l'ascenseur qui vibre à peine, tout doucement ­ grimpe-t-il ou descend-il ? ­, le son monte. Interrompant de longues plages de musique sérielle (en boucle, «la pyramide des âges»), des couplets moins somnifères viennent éveiller l'attention. Sur la play-list de l'ordinateur, le cantique «tabou du bac» prolonge et complète les jumeaux «dési